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Cet obscur objet de désirs, autour de l’Origine du monde

Musée Courbet

Quasiment inconnue du vivant de Gustave Courbet et ignorée du grand public jusqu’en 1995, L’Origine du monde est une œuvre inclassable et ambigüe, aussi fascinante que troublante.

Au-delà d’une étude consacrée à l’histoire de l’œuvre et ses dispositifs de monstration, cette exposition sera l’occasion de questionner la représentation du sexe féminin dans l’histoire de l’art.

Derrière l’apparente évidence de l’image offerte au regard, il s’agit de proposer une lecture qui mette en avant sa puissance équivoque : désir / répulsion,  posture érotique/  gynécologique,  intimité cachée /nudité dévoilée… La difficulté à aborder frontalement la représentation du sexe féminin génère des stratégies de contournement : du procédé métonymique à des moyens de suggestion plus purement plastiques.

La présentation des œuvres jouera sur une mise en scène du regard et proposera, du corps-paysage au sexe offert, une focalisation progressive sur l’objet du désir.

Une mise en regard avec L’Iris de Rodin sera notamment privilégiée. Si cette sculpture semble saisie en plein élan, il est certain cependant que, comme pour L’Origine du monde la jeune femme qui posa était couchée sur le dos. Certes, rien ne prouve que Rodin ait vu L’Origine du monde mais il est possible qu’il en ait eu l’occasion. Le rapprochement que l’on peut faire alors entre les deux œuvres va bien au-delà d’une sensualité qui contribua à leur succès – ou à leur légende : en effet le défaut de tête, les membres absents ou raccourcis chez Rodin ont la même fonction que le cadrage serré de Courbet et concentrent l’attention sur la poitrine, le ventre, le sexe qui deviennent un sujet à part entière au point que l’on peut considérer qu’Iris offre l’équivalent, dans le domaine de la sculpture, du motif peint par Courbet : Iris peut ainsi être vue comme la transposition de l’un des thèmes de prédilection de la peinture dans un langage sculptural contemporain pour ne pas dire d’avant-garde.